Article : L’annulation de la dette publique auprès de la BCE : une idée dangereuse qui masque les vrais enjeux de l’après-Covid

Les récents appels à l’annulation de la dette publique due à la BCE brouillent le débat sur la relance post-Covid en tentant de l’aiguiller sur une piste non seulement fausse mais dangereuse et impraticable, que ce soit d’un point de vue juridique, politique ou financier. On doit rappeler à cette occasion que l’Union et la zone euro doivent aujourd’hui affronter trois grands défis, celui d’une relance capable de faire converger les économies nationales, celui des transitions climatique et numérique, et aussi le redoutable défi de l’exclusion sociale, qui prendra certainement un tour aigu dans les mois qui viennent, mais auquel l’Union n’apporte pas de véritable réponse. Examinons donc tour à tour les appels à l’annulation de la dette détenue par la BCE sur les Etats, puis les éléments montrant l’impossibilité d’une telle solution, avant d’évoquer les grands défis que l’Europe doit relever et qui doivent constituer le vecteur de la relance et de la reconquête d’une souveraineté souvent menacée.

1 – Les appels à l’annulation de la dette publique de la BCE

Plusieurs appels à l’annulation des dettes publique des Etats de la zone euro auprès de la BCE ont été lancés ces derniers mois[1]. Ceux-ci s’appuient sur les arguments suivants. La Banque centrale européenne détient actuellement 25 % dette Etats de la zone euro (environ 2.400 milliards d’euros, Mdr€). Le remboursement de cette dette suppose soit de réemprunter ces sommes, soit d’augmenter les impôts, soit de diminuer les dépenses publiques.

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[1] « Annuler les dettes publiques détenues par la BCE pour reprendre en main notre destin », tribune signée par plus d’une centaine d’économistes et de responsables politiques européens, publiée le 5 février 2021 dans plusieurs organes de presse, dont Le Monde ; Nicolas Dufrêne, « Adieu l’ardoise », Marianne, Hors-série, « Dette, qui va payer ? », février 2021.